Pistes de réflexion RH – 1ère d’une série de 4
Par Annick Lefrançois
Conseillère aux entreprises
Granby Industriel/Entrepreneuriat Haute-Yamaska
« Le Québec change. Aujourd’hui, il y a 2,2 millions de baby-boomers, des hommes et des femmes nés entre 1946 et 1964. Des milléniaux – ces jeunes venus au monde entre 1982 et 2000 – il y en a 2 millions. Dans trois ans, les milléniaux seront majoritaires ». Telle est la conclusion de Jean-Marc Léger, président de Léger – Recherche Stratégie Conseil lors d’une conférence en mai dernier. Les milléniaux représentent déjà une force incontournable sur le marché du travail. Ils s’apprêtent d’ailleurs à transformer le secteur manufacturier. Dû aux départs à la retraite massifs des baby-boomers (80 % des travailleurs manufacturiers) les entreprises n’ont d’autres choix que de s’adapter! Selon Emploi-Québec, cela signifie qu’il faudra remplacer, en 10 ans, plus du quart de la main-d’œuvre qui était en emploi en 2012. Nous sommes donc en pleine mutation! Si certaines entreprises avaient prévu le coup, Emploi-Québec estime que 65 % des manufacturiers n’ont aucun plan pour remplacer les retraités.
Prendre le virage
Selon une toute nouvelle étude du cabinet-conseil Gallup, intitulée « How millennials want to work and live » (à paraitre en 2018), la plupart des entreprises aurait avantage à envisager six « mutations ». Ces virages ont été déterminés afin de favoriser une meilleure intégration des milléniaux au sein des entreprises, et ainsi favoriser la rétention de ces jeunes talents. Voici donc, en bref, les 6 virages proposés :
- Pas d’évaluation de performance annuelle, plutôt un feedback constant ;
- Pas de patron hiérarchique, plutôt un coach ;
- Pas nécessairement de l’amusement au travail, plutôt de l’épanouissement ;
- Pas de travail uniquement pour l’argent, plutôt pour faire œuvre utile ;
- Pas de formations pour combler les lacunes, plutôt un plan de carrière pour déployer les talents;
- Pas un travail pour gagner sa vie, mais plutôt vivre pleinement sa vie!
Des valeurs
Les milléniaux veulent donc travailler pour des entreprises où les bonnes valeurs et le sens éthique sont ancrés dans le modèle d’affaires. D’ailleurs, la mauvaise réputation d’un employeur est le facteur le plus susceptible de les faire fuir.
Ils désirent d’autant plus sentir que leur travail leur procure plus qu’un chèque de paie. Ils ont besoin d’évoluer tant sur le plan professionnel que personnel, et si leur employeur actuel ne leur permet pas de le faire, ils passeront au suivant sans aucun remords. Ils ont besoin d’être mis au défi constamment afin de grandir et d’évoluer professionnellement.
Et de la technologie
Dans ce même ordre d’idée, les manufacturiers gagnent donc à engager des milléniaux, très à l’aise avec la technologie. Ceux-ci recherchent d’ailleurs en grande majorité des emplois manufacturiers comportant un volet techno. Robotiser et automatiser votre production constitue donc la meilleure façon de profiter du virage démographique vers la « génération des écrans ». En automatisant les tâches dangereuses et répétitives, les entreprises offrent des emplois qui n’impliquent pas que du travail physique. Autrement dit, les robots font le dur boulot pour que les employés puissent se consacrer à des tâches plus intéressantes.
Bref, beaucoup plus à l’aise avec la technologie que ses prédécesseurs, et portés sur le travail d’équipe, les milléniaux rejettent souvent les structures organisationnelles très verticales et refusent de mesurer leur productivité en nombre d’heures passées au travail. Tous travaillent pour gagner un salaire, mais personne ne souhaite que sa vie ne se résume à cela! Le sentiment d’appartenance, ainsi que l’engagement auprès de l’employeur deviennent donc aussi des facteurs importants de rétentions des jeunes employés.